Plongez avec nous au cœur de « l’élite » éducative coréenne et découvrez les trois grandes stars du savoir et de l’enseignement : les Sky. Pour chaque jeune Coréen s’approchant pas à pas de la fin du lycée, intégrer l’une des trois plus grandes universités du pays est l’objectif d’une vie, le rêve ultime pour certains, et peut-être parfois plutôt celui de leurs parents. 

En Corée, l’admission à la Seoul National University (SNU), à la Yonsei University (Yonsei), ou à l’University of Korea (Korea University) est une véritable fierté, un accomplissement à brandir haut et fort une fois son diplôme en poche. Ces trois institutions portent bien leur nom, les Sky, étant donné le prestige qu’elles laissent transparaître. Préparez-vous à plonger dans l’univers ultra-compétitif des universités les plus prestigieuses de Corée du Sud.

Université national de Séoul

Commençons par le S de Sky. Il s’agit bien de la plus célèbre d’entre toutes, la Seoul National University, aussi abrégée en SNU. Cette université est publique, ainsi gérée par le gouvernement. Elle a été créée en 1946, et pourtant, son histoire remonte à quelques dizaines d’années en arrière. 

Comme beaucoup d’universités coréennes, son modèle s’inspire énormément du système scolaire américain. La vie universitaire est assez similaire. Les élèves mangent, dorment, étudient et vivent à la Seoul National University. Quand on l’intègre, ce qui est bien sûr considéré comme une grande opportunité, on devient alors très « patriote ». Hymne, symboles, écussons, couleurs, drapeaux, goodies à l’effigie, tout est prêt pour vivre à 100 % l’expérience SNU.

Le symbole de l’université est composé de quatre éléments distinctifs : la couronne de laurier, qui représente bien sûr la gloire et la victoire, le flambeau et la plume qui représentent l’éducation et le savoir, la phrase « Veritas Lux Mea », signifiant en latin « la vérité est ma lumière » et enfin, l’écusson au centre, arborant une figure très géométrique, qui représente simplement le mélange des initiales en coréen du nom de l’université.

Structure représentant le mélange des initiales en coréen du nom de l'université.

La SNU prend ses racines en 1895, à l’époque n’étant simplement qu’un département d’études de droit et de formation juridique. Petit à petit, juste avant la colonisation par le Japon, de nouvelles facultés vont être créées, agrandissant ainsi les champs d’expertise du système d’enseignement coréen.

Durant la colonisation japonaise, l’université fut rapidement prise d’assaut pour en faire la Keijo Imperial University. Et bien que l’animosité entre le Japon et la Corée reste de mise, il ne faut pas avoir peur de dire que ce qu’il reste de l’université aujourd’hui s’est fondé principalement sur les bases de l’université impériale japonaise. Ceux-ci vont grandement aider à son expansion et à son développement. 

Entre la fin de l’oppression par le Japon et le début de la guerre, l’université nationale de Séoul prend alors sa véritable identité, rassemblant neuf collèges différents et une école supérieure. Mais la guerre de Corée arrive bien vite, et malheureusement, l’université en paye les frais. Séoul est désertée et la majorité de la population sud-coréenne se retranche à Busan, où quelques élèves arrivent à poursuivre leurs études.

À la fin de la guerre, les gouvernements ont bien compris que la jeunesse et l’éducation devaient être mis au centre de leurs priorités. Ainsi, ils n’hésitent pas à demander une aide financière et plus de 200 de leurs professeurs sont envoyés aux États-Unis pour suivre des formations adaptées. De nouveaux départements sont créés, tous éparpillés aux quatre coins de Séoul, mais l’université reprend du poil de la bête, participant grandement à l’expansion commerciale du pays durant sa révolution industrielle.

C’est en 1975 que l’université a décidé de rassembler tous ses collèges sur trois sites différents, dont le plus célèbre est celui de Gwanak. L’objectif ? Créer une véritable ville dans la ville, un lieu où les étudiants pourraient s’épanouir tout au long de leurs études. Le chantier est colossal mais mené à terme.

Ensuite, durant les années 80 et tout au long des années 90, s’est déroulée une longue lutte pour l’obtention de la démocratie, une période très difficile pour la jeunesse coréenne, qui voyait ses droits se réduire au fur et à mesure de ses tentatives pour les étendre. Les révoltes étudiantes, marquées par de nombreux décès, ont été un coup dur pour le secteur de l’éducation. La plupart des activistes étaient de jeunes étudiants, qui représentaient eux-mêmes l’avenir du pays.

Aujourd’hui, l’université a encore bien évolué, et je ne vais pas tenter de lister toutes les matières qu’on peut y étudier, car la liste serait trop longue. En 2023, elle a été classée 56e au niveau mondial et figure toujours dans le top 3 des meilleures universités de Corée.

Cours en amphithéâtre

Il est évident, à l’observation détaillée du campus, que passer ses années d’études ici est très attrayant avec ses magnifiques librairies, ses salles d’étude modernes et accueillantes, ses magasins, ses épiceries de proximité et ses bâtiments aux multiples facettes artistiques. L’université offre une diversité de programmes. Que vous aimiez l’école ou non, vous y trouverez certainement votre bonheur. Et tout ce que vous n’auriez jamais imaginé trouver dans une université est à portée de main.

Bibliothèque de la SNU

Il est difficile de vous donner un prix approximatif pour l’obtention d’un bachelor ou d’un master à l’Université Nationale de Séoul, car les coûts peuvent varier considérablement selon les programmes. Mais ils restent nettement supérieurs aux frais universitaires français. Certains sont réputés pour leur complexité, mais les plus spécialisés ne sont pas nécessairement les plus chers. 

Toutefois, pour les programmes d’été ouverts aux étudiants internationaux, il est possible de trouver une estimation des frais nécessaires sur le site de l’université. Le coût variera en fonction du nombre de cours que vous souhaitez suivre. À cela s’ajoutent, bien sûr, des ajouts optionnels, tels que le logement sur le campus, en dortoir ou en chambre partagée.

Nous partageons avec vous le lien du site de l’université officielle ainsi que celui de l‘International Summer Program. Toutefois, en fonction de vos besoins, n’hésitez pas à regarder plus attentivement le site Internet de la SNU pour plus d’informations sur les nombreux programmes dispensés.

Université de Yonsei

Vient ensuite la magnifique université de Yonsei, réputée pour la beauté de son campus. Elle mérite amplement sa place au sein des Sky. Contrairement à la SNU, Yonsei est une université privée, fondée en 1885, bien que n’ayant pas été immédiatement reconnue comme université. Située au nord de Séoul, non loin du quartier animé de Hongdae et de l’université pour femmes d’Ewha, Yonsei a des origines très différentes de celles de la SNU, qui avait débuté avec le droit et la loi.

Façade du bâtiment principal de Yonsei

L’université de Yonsei, officiellement fondée en 1957, est le résultat de la fusion de deux institutions médicales majeures en Corée du Sud. L’ancien hôpital royal de Joseon, Gwanghyewon, devenant par la suite « Yonhi College », et le Severance Union Medical College (institut de médecine). Ces deux établissements étaient dirigés par deux missionnaires protestants américains et ont été parmi les premières infrastructures médicales occidentales établies en Corée du Sud.

 Il est important de noter que Yonsei University, fut la première université mixte du pays en septembre 1946.

L’université adopte également les pratiques américaines, promouvant un sentiment de « patriotisme » au sein de sa communauté estudiantine. Cela crée une identité propre et distincte, semblable à celle de la Seoul National University ou de Korea University, où les produits dérivés ornés du symbole de l’université sont fièrement portés par les étudiants. 

Ses infrastructures ne déçoivent pas non plus. Sur la carte, l’université de Yonsei occupe une place prépondérante, formant un véritable carrefour étudiant. Les quartiers environnants, tels que Sinchon ou Hongik, sont particulièrement attrayants pour les universitaires. Avec des magasins de vêtements ouverts jusqu’à deux heures du matin, des bars, des restaurants, des snacks et des boîtes de nuit, ce quartier ne dort jamais. Et quand bien même l’université paraît silencieuse une fois la nuit tombée, jetez un coup d’œil à travers les vitres de la bibliothèque. À deux heures du matin, elle sera encore bondée de monde.

Sachez aussi que l’Université de Yonsei est un véritable lieu touristique. La beauté de son campus principal, accessible depuis la station Sinchon sur la ligne 2, est magnifique à visiter. De quoi être envieux des étudiants qui révisent leurs examens sous l’ombrelle d’un arbre assis sur un banc. Une vie étudiante qui nous fait tous rêver.

Concert à l'université de Yonsei - devant le bâtiment principal

L’université comporte également bon nombre de monuments historiques qui datent de l’ancien hôpital royal. Son restaurant universitaire, très réputé, sert de délicieux plats peu onéreux. La nuit, les façades des bâtiments sont éclairées. 

Et si vous avez la chance d’y être au bon moment, vous pourrez peut-être assister à la remise des diplômes des étudiants de dernière année, tous vêtus de leur grande toge, noir et bleu, le sourire aux lèvres. Aussi bien excités de commencer leur vie d’adulte que nostalgiques de devoir quitter cet endroit qui les a vus grandir pendant leurs années de bachelor ou de master.

L’université de Yonsei, à l’image des deux autres SKY, renferme un nombre incalculable de programmes différents. Abordant des matières aussi bien générales que beaucoup plus spécialisées, telles que l’histoire de la culture coréenne, de la danse ou de la médecine orientale et traditionnelle. 

Quant au prix, cela n’est pas une surprise, il est assez élevé, digne d’une SKY « privée ». L’école, désormais très internationale, propose un grand nombre de programmes d’études pour les étudiants français et étrangers en échange, ou bien encore, ouverts à tous ceux qui souhaiteraient étudier au sein de l’université, pour des programmes de formation linguistiques.

Université de Corée

Prenons désormais la direction de l’Université de Corée, située dans le quartier d’Anam-dong, au nord-est de Séoul. Ses élèves arborent fièrement le tigre coréen, symbole de courage, de détermination et d’agilité, d’une magnifique couleur pourpre représentant vitalité et passion.

L’école fut officiellement fondée en 1905 par Lee Jung-ik. Elle était avant tout une école professionnelle proposant sept départements déjà très diversifiés, contrairement à ses deux homologues, dont l’une préférait le droit et l’autre la médecine.

C’est officiellement en 1910 qu’elle sera déclarée université et intégrant l’élite de l’éducation. À ce moment-là, seulement une trentaine d’étudiants se retrouvaient diplômés chaque année dans toute l’université.

Autrefois, passer un diplôme nécessitait des ressources financières importantes et de longues études n’étaient pas forcément appropriées. La plupart des jeunes en âge préféraient les travaux manuels pour aider leurs parents, déjà en difficulté financière dans les champs ou les campagnes. Seulement les jeunes des plus hautes familles pouvaient se permettre de telles études, surtout dans l’une des meilleures universités du pays. 

Pendant la colonisation japonaise, bon nombre de mouvements indépendantistes ont vu le jour dans les années 1920, animés par les étudiants souhaitant à tout prix supprimer l’oppression du Japon, qui à ce moment-là s’accaparait les universités coréennes et imposait leurs propres méthodes de fonctionnement.

En 1946, elle est rebaptisée Université de Corée pour symboliser une nouvelle ère d’indépendance académique après des années de contrôle colonial. Cet établissement est devenu un bastion de l’érudition et de la résistance culturelle, jouant un rôle central dans la formation des futurs leaders et intellectuels coréens.

L’emblème de l’université, le tigre coréen, n’est pas seulement un signe de force, mais aussi un rappel des défis surmontés. La couleur pourpre de l’insigne, signifiant vitalité et passion, reflète l’engagement continu de l’université envers l’excellence et l’innovation. Les élèves de l’Université de Corée portent cet emblème avec une grande fierté, conscients de leur appartenance à une institution qui non seulement les prépare à des carrières professionnelles, mais les incite également à être des citoyens responsables et engagés.

Les années 60 sont marquées par les premières tentatives contre la dictature, entraînant alors ce que l’on appelle la révolution d’avril, qui se soldera par des arrestations et malheureusement des morts. Ce soulèvement a particulièrement touché l’université, car beaucoup de ces activistes y étaient étudiants.

Jusqu’à la fin de la dictature, beaucoup de lieux d’enseignement seront marqués par les arrestations abusives à cause de l’oppression de la loi martiale.

Dans l’ensemble, son passé et sa construction sont similaires aux deux autres. Et la diversité de ses programmes proposés aujourd’hui n’en est pas moindre. L’Université de Corée offre un large éventail de programmes académiques dans divers domaines, continuant d’élargir ses départements pour répondre aux besoins d’une société mondialisée tout en restant fidèle à ses racines historiques.

Au fil du temps, elle a pu s’internationaliser et trouver des partenariats auprès de beaucoup d’autres universités ou écoles étrangères telles que Sciences Po en France. Aujourd’hui, ces partenariats internationaux facilitent les programmes d’échanges, les projets de recherche conjoints et les initiatives globales qui permettent à l’Université de Corée de maintenir son statut de leader dans l’éducation supérieure en Corée du Sud.

Le succès à un prix...

La jeunesse est l’avenir d’un pays. L’éducation, considérée comme étant la source du formidable développement du pays en seulement quelques décennies, est perçue comme un trésor en Corée du Sud. 

Ces universités possèdent sans aucun doute une grande influence dans le pays de par le nombre de diplômés qui en sortent chaque année et par la qualité de leur corps enseignant. Elles méritent toutes trois leur place au sommet du classement et sont toutes dans le top 200 des meilleures universités du monde. Sachez qu’elles sont loin de ne produire que des génies des lettres et des chiffres. Elles forment également des artistes et des athlètes. Leurs diversifications au cours du temps ont largement dépassé les limites des salles de classe.

Des athlètes et étudiants qui ne se laissent pas distancer entre eux, en témoigne la rivalité permanente entre l’université de Yonsei et l’université de Corée. Depuis leur création, chacune d’entre elles tente de défier l’autre à travers, souvent, des défis sportifs. Matchs de baseball, de foot… 

Une rivalité bon enfant, mais qui rappelle bien ce système très compétitif que la Corée tente de maintenir, persuadée de son succès. À juste titre, il est possible de dire que cette stratégie a des limites et que cette élite, longtemps promue comme le but d’une vie, devient alors ce que la jeunesse coréenne redoute le plus. 

D’autant plus que le seul fait d’être diplômé ne garantit plus de trouver un bon travail de nos jours. Comme partout dans le monde, la spécialité choisie prend une place de plus en plus importante et peut rabattre les cartes vers d’autres universités « moins cotées ».