Le conte de Hong Gil-dong est sans doute l’un des récits les plus célèbres de la littérature coréenne traditionnelle. Parfois considéré comme le « Robin des Bois coréen », Hong Gil-dong incarne une figure de justice sociale, un personnage à la fois rebelle et sage, qui combat les injustices d’un système rigide pour redonner espoir aux plus faibles. Ce récit, bien qu’imprégné de fiction, est profondément ancré dans les réalités sociales et politiques de la dynastie Joseon (1392–1897).
Une naissance marquée par l’injustice
Le héros, Hong Gil-dong, naît d’une concubine, ce qui le rend illégitime aux yeux de la société confucéenne de l’époque. Bien que son père soit un noble, il est privé de tout droit en tant que fils illégitime : il ne peut pas hériter, ni occuper un poste officiel, ni même appeler son père « père ». Cette position marginalisée forge en lui un sentiment d’injustice dès son plus jeune âge.
Conscient de ses talents intellectuels et martiaux, mais frustré par sa condition sociale, Hong Gil-dong finit par quitter la maison familiale. Il entame alors un périple qui le mène à remettre en question les normes établies et à lutter contre la corruption.
Le justicier masqué
Avec une bande de compagnons fidèles, il devient un bandit au service du peuple. Il vole aux riches pour donner aux pauvres, s’attaque aux fonctionnaires corrompus, et redonne espoir aux opprimés. Ce faisant, il défie les normes sociales rigides de la société Joseon, qui valorisait les naissances légitimes et la hiérarchie immuable.
Mais à la différence d’un simple hors-la-loi, Hong Gil-dong est aussi un penseur. Il agit par conviction morale et politique. Il fonde même un État utopique, Yulgokguk (ou Yuldo), où les citoyens vivent selon des principes d’égalité et de justice. Ce royaume imaginaire symbolise l’idéal d’un monde régi non par les privilèges de naissance, mais par le mérite et la vertu.
Une œuvre littéraire révolutionnaire
Le Hong Gil-dong Jeon (Histoire de Hong Gil-dong) a été écrit au XVIIe siècle, attribué à Heo Gyun, un intellectuel progressiste de la dynastie Joseon. Il est considéré comme le premier roman en hangeul, l’alphabet coréen, et marque un tournant majeur dans la littérature coréenne : jusqu’alors, les textes littéraires étaient principalement écrits en chinois classique et réservés à une élite masculine lettrée.
En utilisant le hangeul, l’auteur rend le récit accessible à un public plus large, notamment aux femmes et aux gens du peuple. L’œuvre critique également l’ordre établi, notamment la rigidité des classes sociales et l’injustice du système patriarcal. Il s’agit donc d’un texte profondément subversif pour son époque.

Une figure culturelle et populaire
Le personnage de Hong Gil-dong a traversé les siècles et s’est enraciné dans l’imaginaire collectif coréen. Il est devenu une figure de la lutte contre l’oppression, un héros populaire auquel les Coréens s’identifient encore aujourd’hui.
Son histoire a été adaptée de nombreuses fois au théâtre, à la télévision, au cinéma et même en bande dessinée. Chaque génération réinvente Hong Gil-dong à sa manière : tantôt en super-héros masqué, tantôt en révolutionnaire, tantôt en espion. Ces multiples représentations témoignent de la richesse du personnage et de sa capacité à incarner les aspirations du peuple à différents moments de l’histoire coréenne.
Un héros universel
Bien que profondément enraciné dans la culture coréenne, Hong Gil-dong possède une portée universelle. Il s’inscrit dans la lignée des héros marginaux et justiciers présents dans toutes les cultures : Robin des Bois en Angleterre, Zorro aux États-Unis, Nasreddin Hodja au Moyen-Orient. Tous incarnent cette volonté de réparer les injustices sociales, en dehors du système établi.
Ce parallèle illustre l’universalité des valeurs défendues par Hong Gil-dong : justice, égalité, courage et solidarité. C’est peut-être cette capacité à faire résonner son message au-delà de la Corée qui explique son succès durable.

Héritage et modernité
Aujourd’hui encore, Hong Gil-dong reste une référence dans la culture coréenne. On trouve son nom dans des romans modernes, des séries télévisées, des jeux vidéo, et même dans le nom de certaines entreprises ou institutions. Il symbolise non seulement la lutte contre l’injustice, mais aussi l’esprit d’indépendance et de résilience.
Dans un monde où les inégalités persistent, le message porté par Hong Gil-dong continue de faire écho : ce n’est pas la naissance qui définit la valeur d’un individu, mais ses actes et son engagement envers les autres.
Conclusion
Le conte de Hong Gil-dong est bien plus qu’une simple aventure héroïque : il s’agit d’un manifeste pour l’égalité, un plaidoyer pour la justice sociale et une critique audacieuse des privilèges de naissance. À travers ce personnage, la Corée a su donner naissance à un mythe fondateur, à la fois ancré dans son histoire et tourné vers l’avenir.
À ceux qui souhaitent mieux comprendre la Corée et son imaginaire collectif, la lecture de Hong Gil-dong Jeon s’impose comme une porte d’entrée incontournable. Car découvrir Hong Gil-dong, c’est aussi découvrir les aspirations profondes d’un peuple, et les combats qui ont forgé son identité.
Cet article vous a plu ?
Plongez-vous dans la richesse culturelle de la Corée du Sud en découvrant ses traditions vivantes tout au long de l’année. Que ce soit lors d’un festival local, d’un atelier d’artisanat traditionnel ou d’une cérémonie du thé, chaque expérience est une porte ouverte sur l’âme du pays. C’est l’occasion idéale pour s’imprégner de la culture coréenne de manière authentique et mémorable.
N’attendez plus, planifiez votre voyage et plongez-vous dans les traditions et la culture coréennes !
A lire aussi : Dangun : Mythe fondateur de la Corée Tour de Corée
0 Comment